Une Vie (Alexandre Astruc, 1958) Ver índice
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Una vida
Moderador: mifune
- irazar
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Re: Une Vie (Alexandre Astruc, 1958) SATRip VOSE
Pues vamos a esperar a que la suba Phillys, porque yo no guardé copia del archivo que subí.
Eso sí, conservo la grabación en DVD y no me costaría nada volver a ripearlo.
No dudes en pedírmelo, cagney, si las cosas se tuercen.
Si lo sube Phillys, me lo bajaré yo también.
Eso sí, conservo la grabación en DVD y no me costaría nada volver a ripearlo.
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- Monsieur Lange
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Re: Une Vie (Alexandre Astruc, 1958) SATRip VOSE
Acabo de ponerla en el incoming, Cagney. Cuando te vea te daré un empujón.
Avísame cuando termines para aliviar las alforjas.
Mi enlace (es el mismo que el d irazar, aunque lleve el nombre modificado por eso de aclararme yo):
1958. Une vie, Una vida. VOSE. SATRip.avi [573.54 Mb]
"Esos chicos …/… hablando de los años veinte a veinticinco, revolviendo unos con otros como si todos fuesen unos .../… como si hubieran sido todos de la misma tertulia"
Max Aub: La gallina ciega
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- fifole
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Re: Une Vie (Alexandre Astruc, 1958) SATRip VOSE
También he puesto mi copia a compartir.Monsieur Lange escribió: ↑09 May 2019 22:53Acabo de ponerla en el incoming, Cagney. Cuando te vea te daré un empujón.
Avísame cuando termines para aliviar las alforjas.
Mi enlace (es el mismo que el d irazar, aunque lleve el nombre modificado por eso de aclararme yo):
1958. Une vie, Una vida. VOSE. SATRip.avi [573.54 Mb]
- Monsieur Lange
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Re: Une Vie (Alexandre Astruc, 1958) SATRip VOSE
Un placer cagney..
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- Lobo López
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Une vie (Alexandre Astruc, 1958) DVDRip VOSE
Ripeo previo
Alexandre Astruc, fallecido el pasado día 19, a los 92 años de edad. Hoy nadie conoce a Astruc, pero su obra y su influencia en el mapa del cine galo son gigantescas. Como pensador, formuló su teoría de la caméra stylo, de largo recorrido, que ejemplificaba afirmando preferir la ligereza de un Mizoguchi al expresionismo de un Welles. En 1952 se estrenó con el mediometraje Le rideau cramoisi, que ya hizo ruido, y tres años después realizó su primer largometraje, Les mauvaises recontres, que suscitó elogios ditirámbicos de André Bazin y Jacques Doniol-Valcroze, entre otros. Títulos que anuncian, cómo no, la inminente nouvelle vague, de la que Astruc fue faro de tanto peso como Renoir o Franju. En 1958 llega su obra más madura, una pieza maestra, Une vie, basada en una novela de Guy de Maupassant, rodada en color (soberbia fotografía de Claude Renoir) y sacudida por un romanticismo desatado, “une inflation lyrique de la mise en scène” (Joël Magny dixit) fuera de lo común. Folletín fatalista inmensamente físico, en Une vie la escritura de Astruc enlaza, sí, con la ligereza mizoguchiana, pero en estrecho matrimonio con una pulsión febril de raíz sirkiana, que no excluye un profundo sentido de la crueldad: la escena en que la criada, al aire libre, sobre la nieve, da a luz al hijo bastardo alcanza una intensidad desusada. Astruc siguió haciendo grandes obras, en cine (Éducation sentimentale, de 1962) o en televisión (el soberbio cortometraje Le puits et le pendule, del 64, según el relato de Poe), hasta su retiro en 1993.
Comentario de Jean-Luc Godard:
Le manège décoré par Walt Disney, le déjeuner sur l’herbe avec nappes en simili plastique, le vert chewing-gum d’une pelote de laine: on s’en fout. Toutes les fautes de goût accumulées par Astruc, Claude Renoir et Mayo: on s’en fout. Du saxophone de Roman Vlad aussi. Il est pas mal d’ailleurs. Mais de toute façon, la vraie beauté d’Une vie est ailleurs.
Elle est dans la robe jaune de Pascale Petit qui frissonne dans les dunes gris-Vélasquez de Normandie. C’est faux! Pas gris-Vélasquez! Et même pas gris-Delacroix, s’égosillent les « connaisseurs ».
En vain. Déjà Christian Marquand se penche au bout de la digue et tend la main à Maria Schell. Les « connaisseurs » sont semés par un film qui va si vite qu’il fait presque du sur-place. On sait que les autos de course les plus rapides sont celles qui freinent le mieux: Une vie est à leur image. On croyait connaître Astruc; on échafaudait des théories, sans voir que la séquence était finie et que le film avait déjà redémarré dans une autre direction esthétique ou morale. On parlait de Vélasquez sans voir que la robe de Pascale Petit était jaune-Baudelaire et les yeux de Maria Schell bleu-Ramuz. Pourquoi Ramuz? Parce que derrière les fantoches de Maupassant, derrière Jeanne et Julien, c’est le visage d’ « Aline » ou de « Jean-Luc persécuté » que filme Astruc. Pourquoi s’étonner ? On sait depuis longtemps l’admiration qu’il voue à l’auteur des « Signes parmi nous ». Et tout à l’heure pourquoi celui de « L’Albatros »? Parce que le premier plan d’Une vie frappe tout le film de son effigie baudelairienne. Parce que Maria Schell court à toutes jambes vers la mer et que la robe de Pascale illustre en guise d’écho le plus fameux vers de celui qui disait à Manet: « Vous êtes le premier dans la décadence de notre art ». On pourrait parler de Thomas Hardy, de Faulkner aussi et de la Charlotte Rittenmayer de « Palmes sauvages », transposée ici dans le personnage incarné par Marquand: mais Astruc en a déjà lui-même trop et tant parlé que les admirateurs du Rideau ont fini par chercher aujourd’hui midi à quatorze heures en s’étonnant de n’y rien trouver. Tout ceci prouve quoi? Qu’on parlait de peinture sans voir qu’Une vie est un film de romancier. Et de goût sans voir que c’est un film de barbare.
Le défendre contre ceux qui l’admirent mal, voilà desormais chose faite. Contre les autres, la tâche est plus facile, car Une vie est le contraire presque d’un film astrucien dans la mesure où nous avions enfermé Astruc à l’intérieur d’un système esthétique préfabriqué dont il s’évade aujourd’hui.
Peu importe que la version actuellement projetée dans les salles ne corresponde plus à celle que prévoyait le découpage. Peu importe que chaque scène soit systématiquement stoppée au montage en plein élan. Il faut admirer Une vie tel quel. Et, tel quel, Une vie se présente comme le contraire d’un film inspiré. La folie derrière le réalisme, disait Astruc dans une interview. Mais on l’a mal compris. La folie de Julien, c’est d’avoir épousé Jeanne et celle de Jeanne d’avoir épousé Julien. Un point c’est tout. Il ne s’agissait pas de tourner La folie du Docteur Tube, mais de montrer qu’un homme des bois et une femme d’intérieur qui s’aiment, c’est de la folie. A dire vrai, Une vie décontenance les plus chauds partisans d’Astruc, comme Le plaisir avait décontenancé ceux qui croyaient connaître Maupassant. En effet, alors que l’on attendait Astruc le lyrique, ce fut Astruc l’architecte qui survint.
Une vie est un film prodigieusement construit. Employons donc pour illustrer notre propos des images empruntées à la géométrie classique. Un film peut se comparer à un lieu géométrique, c’est-à-dire à un ensemble de points jouissant d’une même propriété par rapport à un élément fixe. Cet ensemble de points, si l’on veut, c’est la mise en scène: et cette même propriété commune à chaque instant de la mise en scène ce sera donc le scénario ou, si l’on préfère, l’argument dramatique. Reste alors l’élément fixe, ou mobile même éventuellement, et qui n’est autre que le sujet. Or, il se passe la chose suivant. Chez la plupart des cinéastes, le lieu géométrique du sujet qu’ils prétendent traiter ne dépasse jamais les lieux de tournage. Je veux dire que, l’action de leur film peut bien se dérouler sur d’immenses étendues, la plupart des cinéastes ne pensent pas leur mise en scène au-delà de l’étendue de leur plateau. Astruc, lui, au contraire, donne l’impression d’avoir pensé son film sur tout le périmètre exigé par le scénario, ni plus, ni moins. On ne voit dans Une vie que trois ou quatre paysages de Normandie. Et le film donne cependant la fantastique impression d’avoir été médité à l’échelle réelle de la Normandie, comme Tabou l’avait été à celle du Pacifique ou Que Viva Mexico à celle du Mexique. Les références sont peut-être exagérées. Mais elles sont là. Le fait est trop remarquable pour omettre de le signaler. Il l’est d’autant plus d’ailleurs qu’Astruc et Laudenbach ont délibérément joué la difficulté en ne montrant, on vient de le dire, que trois ou quatre aspects du bocage normand. Car ce n’est pas de montrer la fôret qui était difficile, c’est de montrer un salon dont on sait que la fôret est à dix pas. Ce n’est pas de montrer la mer qui était encore plus difficile, mais une chambre dont on sait que la mer est à sept cents mètres. La plupart des films sont construits sur les quelques mètres carrés du décor visible dans l’oeilleton. Une vie est conçu, écrit et mis en scène sur vingt mille kilomètres carrés.
Sur cet immense espace invisible, Astruc a instalée ses coordonnées dramatiques et visuelles. Entre l’abscisse et l’ordonnée aucune courbe ne vient s’inscrire qui correspondrait à un mouvement secret du film. La seule courbe, c’est, soit l’abscisse, soit l’ordonnée, ce qui correspond par conséquent à deux sortes de mouvements, l’un horizontal, l’autre vertical. Toute la mise en scène d’Une vie est axée sur ce principe élémentaire. Horizontale est la course de Maria Schell et Pascale Petit vers la grève. Verticale, l’inflexion de Marquand qui accueille sa partenaire sur le môle du port. Horizontale, la sortie des mariés après le repas de noce. Vertical, le coup de couteau qui dégraffe le corsage. Horizontal, de nouveau, le mouvement de Jeanne et Julien qui se vautrent dans les blés. Vertical, de nouveau, celui de la main de Marquand qui saisit le poignet d’Antonella Lualdi, etc. Pour Astruc, mettre en scène Une vie a consisté très simplement à mettre en valeur l’un de ces deux mouvements, horizontal ou vertical, dans chaque scène ou chaque plan ayant sa propre unité dramatique, et de le mettre en valeur avec brusquerie, en laissant dans l’ombre avant ou après lui, tout ce qui n’est pas ce mouvement brusque.
Ce genre d’effet, cette violence méditée, Astruc, dans Les mauvaises rencontres, l’utilisait encore comme Bardem: au changement de plan, sur une porte qui s’ouvre, un verre qui se brise, un visage qui se détourne. Dans Une vie, au contraire, il l’utilise en cours de plan, poussant si loin la leçon d’un Brooks et surtout d’un Nicholas Ray que l’effet en devient presque la cause. Ce n’est pas Marquand entraînant Maria Schell hors du château qui est beau, c’est la soudaineté avec lequel il le fait. Et cette soudaineté des gestes qui font démarrer le suspense toutes les trois minutes, cette discontinuité latente dans la continuité, nous l’appellerons le coeur révélateur d’Une vie pour bien montrer la parenté de ce film faussement prétendu froid avec le vrai maître du mystère, Edgar Poe, l’auteur le plus abstraite du monde.
Tout comme Amère victoire, Une vie est un film formidablement simple. Et simplifier ne veut pas dire styliser. Astruc s’oppose ici à Visconti auquel il serait idiot de le comparer. Dans Nuits blanches, Maria Schell était certes plus efficacement utilisée. Mais dans Une vie, elle l’est de façon plus juste et plus profonde. En son temps, Maupassant était sans doute un auteur moderne. Paradoxalement donc, la meilleure façon de trouver le vrai ton dix-neuvième siècle, c’était de donner à l’affaire un ton franchement 1958. Astruc et Laudenbach y ont réussi magnifiquement. Je n’en veux pour preuve que l’admirable réplique de l’admirable Christian Marquand à la femme qui lui a offert sa dot et son château: « A cause de toi, j’ai gâché ma vie ». Autre exemple encore: autant Jean Claude Pascal portant Anouk Aimée dans ses bras était démodé, autant ici la même attitude avec Marquand et Maria Schell paraît moderne.
Une fois que l’on aura dit un bien fou de Pascale Petit (sur qui Astruc a refait le phénoménal travail de Renoir sur la Françoise Arnoul de French Cancan) qui court dans le sous-bois aussi bien qu’Orvet et se cache sous les draps mieux que les fillettes de Vadim, on n’aura pas encore tout dit. Au seuil de l’inconnu, tel pourrait être le titre d’Une vie plutôt que celui d’un film de science-fiction. Car Une vie force le cinéma à porter ses regards ailleurs.
(Cahiers du Cinéma nº 89, novembre 1958, pp. 50-53)
UNE VIE
Título original: Une vie
Director: Alexandre Astruc
Reparto: Maria Schell, Christian Marquand, Pascale Petit, Louis Arbessier, Marie-Hélène Dasté, Antonella Lualdi, Ivan Desny, Gérard Darrieu, Michel de Slubicki, Andrée Tainsy
Guion: Alexandre Astruc, Roland Laudenbach (Novela: Guy de Maupassant)
Fotografía: Claude Renoir
Año: 1958
País: Francia
Duración: 82 min.
Producción: Coproducción Francia-Italia; Agnes Delahaie Productions / Cino del Duca
Género: Drama
Argumento: A finales del siglo XIX, Jeanne Danlieu, hija de una familia acaudalada, vive con sus padres en una casa de campo aislada en la Normandía. Su única compañía es su amiga de la infancia, Gilberte, que ahora es su sirvienta. Un día conoce a un atractivo joven, Julien de Lamare, de quien se enamora instantáneamente. Pronto se casan, pero la felicidad durará poco ya que no tardará en darse cuenta de que Julien se ha casado con ella por interés y que además la engaña con otras mujeres siempre que tiene ocasión.
Datos Técnicos:
Ripeo descargado de MakingOff
Une Vie.1958.DVDRip.x264.mkv [1.38 Gb]
Subtítulos en español propios (muy mejorables):
https://www.subdivx.com/X6XNTgwNDczX-une-vie-1958.html
Subtítulos en inglés y francés dentro del archivo.
Comentario de Jordi Batlle-Caminal:Título original: Une vie
Director: Alexandre Astruc
Reparto: Maria Schell, Christian Marquand, Pascale Petit, Louis Arbessier, Marie-Hélène Dasté, Antonella Lualdi, Ivan Desny, Gérard Darrieu, Michel de Slubicki, Andrée Tainsy
Guion: Alexandre Astruc, Roland Laudenbach (Novela: Guy de Maupassant)
Fotografía: Claude Renoir
Año: 1958
País: Francia
Duración: 82 min.
Producción: Coproducción Francia-Italia; Agnes Delahaie Productions / Cino del Duca
Género: Drama
Argumento: A finales del siglo XIX, Jeanne Danlieu, hija de una familia acaudalada, vive con sus padres en una casa de campo aislada en la Normandía. Su única compañía es su amiga de la infancia, Gilberte, que ahora es su sirvienta. Un día conoce a un atractivo joven, Julien de Lamare, de quien se enamora instantáneamente. Pronto se casan, pero la felicidad durará poco ya que no tardará en darse cuenta de que Julien se ha casado con ella por interés y que además la engaña con otras mujeres siempre que tiene ocasión.
Datos Técnicos:
Spoiler:
Ripeo descargado de MakingOff
Une Vie.1958.DVDRip.x264.mkv [1.38 Gb]
Subtítulos en español propios (muy mejorables):
https://www.subdivx.com/X6XNTgwNDczX-une-vie-1958.html
Subtítulos en inglés y francés dentro del archivo.
Alexandre Astruc, fallecido el pasado día 19, a los 92 años de edad. Hoy nadie conoce a Astruc, pero su obra y su influencia en el mapa del cine galo son gigantescas. Como pensador, formuló su teoría de la caméra stylo, de largo recorrido, que ejemplificaba afirmando preferir la ligereza de un Mizoguchi al expresionismo de un Welles. En 1952 se estrenó con el mediometraje Le rideau cramoisi, que ya hizo ruido, y tres años después realizó su primer largometraje, Les mauvaises recontres, que suscitó elogios ditirámbicos de André Bazin y Jacques Doniol-Valcroze, entre otros. Títulos que anuncian, cómo no, la inminente nouvelle vague, de la que Astruc fue faro de tanto peso como Renoir o Franju. En 1958 llega su obra más madura, una pieza maestra, Une vie, basada en una novela de Guy de Maupassant, rodada en color (soberbia fotografía de Claude Renoir) y sacudida por un romanticismo desatado, “une inflation lyrique de la mise en scène” (Joël Magny dixit) fuera de lo común. Folletín fatalista inmensamente físico, en Une vie la escritura de Astruc enlaza, sí, con la ligereza mizoguchiana, pero en estrecho matrimonio con una pulsión febril de raíz sirkiana, que no excluye un profundo sentido de la crueldad: la escena en que la criada, al aire libre, sobre la nieve, da a luz al hijo bastardo alcanza una intensidad desusada. Astruc siguió haciendo grandes obras, en cine (Éducation sentimentale, de 1962) o en televisión (el soberbio cortometraje Le puits et le pendule, del 64, según el relato de Poe), hasta su retiro en 1993.
Comentario de Jean-Luc Godard:
Le manège décoré par Walt Disney, le déjeuner sur l’herbe avec nappes en simili plastique, le vert chewing-gum d’une pelote de laine: on s’en fout. Toutes les fautes de goût accumulées par Astruc, Claude Renoir et Mayo: on s’en fout. Du saxophone de Roman Vlad aussi. Il est pas mal d’ailleurs. Mais de toute façon, la vraie beauté d’Une vie est ailleurs.
Elle est dans la robe jaune de Pascale Petit qui frissonne dans les dunes gris-Vélasquez de Normandie. C’est faux! Pas gris-Vélasquez! Et même pas gris-Delacroix, s’égosillent les « connaisseurs ».
En vain. Déjà Christian Marquand se penche au bout de la digue et tend la main à Maria Schell. Les « connaisseurs » sont semés par un film qui va si vite qu’il fait presque du sur-place. On sait que les autos de course les plus rapides sont celles qui freinent le mieux: Une vie est à leur image. On croyait connaître Astruc; on échafaudait des théories, sans voir que la séquence était finie et que le film avait déjà redémarré dans une autre direction esthétique ou morale. On parlait de Vélasquez sans voir que la robe de Pascale Petit était jaune-Baudelaire et les yeux de Maria Schell bleu-Ramuz. Pourquoi Ramuz? Parce que derrière les fantoches de Maupassant, derrière Jeanne et Julien, c’est le visage d’ « Aline » ou de « Jean-Luc persécuté » que filme Astruc. Pourquoi s’étonner ? On sait depuis longtemps l’admiration qu’il voue à l’auteur des « Signes parmi nous ». Et tout à l’heure pourquoi celui de « L’Albatros »? Parce que le premier plan d’Une vie frappe tout le film de son effigie baudelairienne. Parce que Maria Schell court à toutes jambes vers la mer et que la robe de Pascale illustre en guise d’écho le plus fameux vers de celui qui disait à Manet: « Vous êtes le premier dans la décadence de notre art ». On pourrait parler de Thomas Hardy, de Faulkner aussi et de la Charlotte Rittenmayer de « Palmes sauvages », transposée ici dans le personnage incarné par Marquand: mais Astruc en a déjà lui-même trop et tant parlé que les admirateurs du Rideau ont fini par chercher aujourd’hui midi à quatorze heures en s’étonnant de n’y rien trouver. Tout ceci prouve quoi? Qu’on parlait de peinture sans voir qu’Une vie est un film de romancier. Et de goût sans voir que c’est un film de barbare.
Le défendre contre ceux qui l’admirent mal, voilà desormais chose faite. Contre les autres, la tâche est plus facile, car Une vie est le contraire presque d’un film astrucien dans la mesure où nous avions enfermé Astruc à l’intérieur d’un système esthétique préfabriqué dont il s’évade aujourd’hui.
Peu importe que la version actuellement projetée dans les salles ne corresponde plus à celle que prévoyait le découpage. Peu importe que chaque scène soit systématiquement stoppée au montage en plein élan. Il faut admirer Une vie tel quel. Et, tel quel, Une vie se présente comme le contraire d’un film inspiré. La folie derrière le réalisme, disait Astruc dans une interview. Mais on l’a mal compris. La folie de Julien, c’est d’avoir épousé Jeanne et celle de Jeanne d’avoir épousé Julien. Un point c’est tout. Il ne s’agissait pas de tourner La folie du Docteur Tube, mais de montrer qu’un homme des bois et une femme d’intérieur qui s’aiment, c’est de la folie. A dire vrai, Une vie décontenance les plus chauds partisans d’Astruc, comme Le plaisir avait décontenancé ceux qui croyaient connaître Maupassant. En effet, alors que l’on attendait Astruc le lyrique, ce fut Astruc l’architecte qui survint.
Une vie est un film prodigieusement construit. Employons donc pour illustrer notre propos des images empruntées à la géométrie classique. Un film peut se comparer à un lieu géométrique, c’est-à-dire à un ensemble de points jouissant d’une même propriété par rapport à un élément fixe. Cet ensemble de points, si l’on veut, c’est la mise en scène: et cette même propriété commune à chaque instant de la mise en scène ce sera donc le scénario ou, si l’on préfère, l’argument dramatique. Reste alors l’élément fixe, ou mobile même éventuellement, et qui n’est autre que le sujet. Or, il se passe la chose suivant. Chez la plupart des cinéastes, le lieu géométrique du sujet qu’ils prétendent traiter ne dépasse jamais les lieux de tournage. Je veux dire que, l’action de leur film peut bien se dérouler sur d’immenses étendues, la plupart des cinéastes ne pensent pas leur mise en scène au-delà de l’étendue de leur plateau. Astruc, lui, au contraire, donne l’impression d’avoir pensé son film sur tout le périmètre exigé par le scénario, ni plus, ni moins. On ne voit dans Une vie que trois ou quatre paysages de Normandie. Et le film donne cependant la fantastique impression d’avoir été médité à l’échelle réelle de la Normandie, comme Tabou l’avait été à celle du Pacifique ou Que Viva Mexico à celle du Mexique. Les références sont peut-être exagérées. Mais elles sont là. Le fait est trop remarquable pour omettre de le signaler. Il l’est d’autant plus d’ailleurs qu’Astruc et Laudenbach ont délibérément joué la difficulté en ne montrant, on vient de le dire, que trois ou quatre aspects du bocage normand. Car ce n’est pas de montrer la fôret qui était difficile, c’est de montrer un salon dont on sait que la fôret est à dix pas. Ce n’est pas de montrer la mer qui était encore plus difficile, mais une chambre dont on sait que la mer est à sept cents mètres. La plupart des films sont construits sur les quelques mètres carrés du décor visible dans l’oeilleton. Une vie est conçu, écrit et mis en scène sur vingt mille kilomètres carrés.
Sur cet immense espace invisible, Astruc a instalée ses coordonnées dramatiques et visuelles. Entre l’abscisse et l’ordonnée aucune courbe ne vient s’inscrire qui correspondrait à un mouvement secret du film. La seule courbe, c’est, soit l’abscisse, soit l’ordonnée, ce qui correspond par conséquent à deux sortes de mouvements, l’un horizontal, l’autre vertical. Toute la mise en scène d’Une vie est axée sur ce principe élémentaire. Horizontale est la course de Maria Schell et Pascale Petit vers la grève. Verticale, l’inflexion de Marquand qui accueille sa partenaire sur le môle du port. Horizontale, la sortie des mariés après le repas de noce. Vertical, le coup de couteau qui dégraffe le corsage. Horizontal, de nouveau, le mouvement de Jeanne et Julien qui se vautrent dans les blés. Vertical, de nouveau, celui de la main de Marquand qui saisit le poignet d’Antonella Lualdi, etc. Pour Astruc, mettre en scène Une vie a consisté très simplement à mettre en valeur l’un de ces deux mouvements, horizontal ou vertical, dans chaque scène ou chaque plan ayant sa propre unité dramatique, et de le mettre en valeur avec brusquerie, en laissant dans l’ombre avant ou après lui, tout ce qui n’est pas ce mouvement brusque.
Ce genre d’effet, cette violence méditée, Astruc, dans Les mauvaises rencontres, l’utilisait encore comme Bardem: au changement de plan, sur une porte qui s’ouvre, un verre qui se brise, un visage qui se détourne. Dans Une vie, au contraire, il l’utilise en cours de plan, poussant si loin la leçon d’un Brooks et surtout d’un Nicholas Ray que l’effet en devient presque la cause. Ce n’est pas Marquand entraînant Maria Schell hors du château qui est beau, c’est la soudaineté avec lequel il le fait. Et cette soudaineté des gestes qui font démarrer le suspense toutes les trois minutes, cette discontinuité latente dans la continuité, nous l’appellerons le coeur révélateur d’Une vie pour bien montrer la parenté de ce film faussement prétendu froid avec le vrai maître du mystère, Edgar Poe, l’auteur le plus abstraite du monde.
Tout comme Amère victoire, Une vie est un film formidablement simple. Et simplifier ne veut pas dire styliser. Astruc s’oppose ici à Visconti auquel il serait idiot de le comparer. Dans Nuits blanches, Maria Schell était certes plus efficacement utilisée. Mais dans Une vie, elle l’est de façon plus juste et plus profonde. En son temps, Maupassant était sans doute un auteur moderne. Paradoxalement donc, la meilleure façon de trouver le vrai ton dix-neuvième siècle, c’était de donner à l’affaire un ton franchement 1958. Astruc et Laudenbach y ont réussi magnifiquement. Je n’en veux pour preuve que l’admirable réplique de l’admirable Christian Marquand à la femme qui lui a offert sa dot et son château: « A cause de toi, j’ai gâché ma vie ». Autre exemple encore: autant Jean Claude Pascal portant Anouk Aimée dans ses bras était démodé, autant ici la même attitude avec Marquand et Maria Schell paraît moderne.
Une fois que l’on aura dit un bien fou de Pascale Petit (sur qui Astruc a refait le phénoménal travail de Renoir sur la Françoise Arnoul de French Cancan) qui court dans le sous-bois aussi bien qu’Orvet et se cache sous les draps mieux que les fillettes de Vadim, on n’aura pas encore tout dit. Au seuil de l’inconnu, tel pourrait être le titre d’Une vie plutôt que celui d’un film de science-fiction. Car Une vie force le cinéma à porter ses regards ailleurs.
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- chuschao
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Re: Une vie (Alexandre Astruc, 1958) DVDRip VOSE
Un gran post, para redescubrir uno de los autores - sí, autor, pocas veces mejor dicho - fundamentales del cine francés.
“Podré no estar de acuerdo con lo que dices, pero defenderé hasta la muerte tu derecho a decirlo”
- rubeum
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Re: Une vie (Alexandre Astruc, 1958) DVDRip VOSE
Y para recuperar también a la gran Maria Schell, una actriz de raza, hoy apenas conocida por el público.
Gracias, Lobo López.
Gracias, Lobo López.